SAMAR YAZBECK APPELLE LE PEUPLE SYRIEN A POURSUIVRE LA LUTTE

Publié le par E.Masboungi, journaliste

Yazbek

 

Paris, le 11 août 2011

Elie MASBOUNGI, journaliste

 

 

Forcée de voir les horreurs et tortures dans les geôles syriennes  

SAMAR YAZBECK APPELLE LE PEUPLE SYRIEN A POURSUIVRE LA LUTTE

« N’ayez pas peur face à la mort  car notre peuple vaincra », clame la journaliste-écrivain

 

Samar Yazbeck, la journaliste- écrivain syrienne  qui a fait mercredi la « une » de plus d’un quotidien français en raison des traitements subis lors de ses multiples détentions dans les geôles du régime de Damas, a affirmé dans une interview exclusive accordée à « L’Orient-Le Jour » que son engagement dans les rangs de l’opposition est fondé sur ses convictions et qu’elle n’a pas voulu être un « faux témoin » face la répression du mouvement de révolte en Syrie.

 

Mme Yazbeck n’a pas voulu relater en détail ce qu’elle a enduré avant et lors de son incarcération – un traitement atroce évoqué dans son interview à «Libération » parue mercredi (torture par une visite forcée de cellules où se trouvaient des jeunes manifestants arrêtés et mutilés) - préférant expliquer ses motivations en tant que simple citoyenne qui veut dénoncer la dictature dans son pays.

 

En tant que journaliste et écrivain, a dit notamment Mme Yazbeck, j’ai une vision de l’avenir de notre pays et, après une période de simple observation du mouvement de contestation dans ses deux premiers mois, j’ai décidé de parler, d’écrire et  de soutenir les manifestants pour la liberté qui subissent cette horrible répression.

 

Dénoncer également, a-t-elle poursuivi, toutes ces violations des droits de l’homme en Syrie qui m’ont poussée à intervenir dans le cadre des «organismes de coordination » des manifestations, ces organismes qui font un travail admirable et qui sont devenus le véritable moteur du mouvement de contestation.

 

Et Mme Yazbeck d’ajouter : « Je suis une militante qui exprime l’anxiété et les soucis des femmes de mon pays  qui sont maintenant engagées dans la lutte politique. Je voulais jusqu’ici rester loin de la politique mais je n’ai pu supporter les horreurs commises autour de moi. En me basant sur le principe que les « gens » ont toujours raison.

 

Samar Yazbeck a également indiqué qu’après la chute du régime, elle reprendra son rôle de simple journaliste et se consacrera à ses écrits.

 

« On a voulu me terroriser en me forçant à visiter les geôles pour y voir les horreurs, les conséquences de la torture sur les manifestants arrêtés », a-t-elle dit expliquant par ailleurs qu’elle a pu quitter le pays « parce qu’ils avaient autre chose à faire »…

 

La militante rescapée a annoncé que ses prochains écrits seront inspirés de la descente aux enfers qui lui a été imposée démentant, en réponse à une de nos questions, que la femme syrienne a été moins présente que les hommes dans les mouvements de masse.

 

« Les femmes », a-t-elle expliqué « a été et demeure plus efficace, notamment dans les domaines de la logistique, de la communication et du renseignement car elles ne peuvent être dans la rue en masse dans les grandes villes où seuls les hommes sont en première ligne ».

 

Sur les divergences et le manque de cohésion dans les rangs de l’opposition syrienne, Samar Yazbeck  a reconnu ces faits estimant que cela pourrait effectivement mener à l’anarchie, comme cela arrive après l’effondrement des dictatures. Mais, a-t-elle affirmé, après ces tragiques développements, le peuple syrien est parfaitement apte à éviter le chaos et surtout la guerre interconfessionnelle qu’on nous annonce.

« Toutes les communautés sont engagées dans cette lutte pour la libération de la Syrie et une guerre civile confessionnelle est chose impossible chez nous », a-t-elle dit expliquant que le mouvement de révolte auquel on assiste aujourd’hui est essentiellement laïc et que les chrétiens de Syrie participent au mouvement contrairement à ce que laissent entendre les autorités du pays et qu’ils sont particulièrement actifs dans les « coordinations » implantées dans les grandes villes et en province.

 

En nommant un nouveau ministre de la défense de confession chrétienne (le général Daoud Rajha) le régime veut impliquer les chrétiens dans le combat pour faire assumer au commandement militaire la responsabilité de ce qu’il qualifiera plus tard de massacre des sunnites… a précisé Samar qui a insisté fortement sur le caractère multiconfessionnel des organismes de coordination. Ceux-ci qui symbolisent, a-t-elle dit, le partage équitable des responsabilités dans un mouvement à caractère populaire et national qui a besoin  de la participation du peuple syrien tout entier.

 

En conclusion et en guise de message à ses compatriotes, Samar Yazbeck  a lancé : « N’ayez pas peur car vous affrontez la mort avec courage et c’est ainsi que notre peuple vaincra ».

Publié dans ORIENT LE JOUR

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