Tension entre Damas et Paris au sujet de la crise libanaise

Publié le par E.Masboungi, journaliste

Tension entre Damas et Paris au sujet de la crise libanaise

PARIS EN PLEIN DANS LA MELEE MALGRE LA PRUDENCE AFFICHEE PAR LE QUAI D’ORSAY

 

Paris, le 4 janvier 2008

Elie MASBOUNGI, journaliste

Pour l’Orient-Le Jour

 

Une certaine irritation apparaît de plus en plus dans les cercles diplomatiques français de la tournure prise par les événements au Liban. Non  seulement du fait de l’aggravation de la crise elle-même mais aussi de l’implication de la France dans les détails des tractations, implication évoquées ouvertement et quotidiennement les porte paroles des deux principales forces politiques, à savoir le rassemblement du 14 Mars et les formations de l’opposition.

 

Ce mécontentement français transparaît dans les commentaires des officiels de l’Elysée et du Quai d’Orsay qui continuent d’affirmer que les divers émissaires français limitent leurs propos aux questions de principe lors de leurs entretiens tant avec les parties libanaises qu’avec les responsables syriens.

 

Dans une tentative de faire la part des choses et de prouver que Paris entend garder le sens de la mesure malgré la fébrilité qui règne au Liban et l’amplification de la polémique entre les parties en présence, le Quai d’Orsay a tenu hier à apporter une précision et une clarification, dans le cadre du point de presse électronique d’hier où Mme Pascale Andréani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères et européenne a indiqué en réponse à une question  sur une de ses déclarations antérieures sur les  contacts politiques franco-syriens : « Les contacts politiques entre nos deux pays ont pris fin jusqu’à ce que la Syrie démontre sa bonne foi et qu’un président de large consensus soit élu au Liban. Nos relations diplomatiques  avec la Syrie ne sont pas remises en cause par cette décision ».

 

En réponse à une autre question sur des informations contradictoires parues au Liban concernant la « lettre d’intention » sur une « corbeille » de solutions, la porte-parole a déclaré : « Nos discussions avec les acteurs de la crise libanaise visent à favoriser une entente sur l’élection d’un président de rassemblement. Ces contacts ont permis de réaffirmer les grands principes qui doivent présider à la solution de la crise libanaise, à commencer par l’affirmation de la souveraineté et de l’indépendance de ce pays. »

 

Et Mme Andréani d’affirmer en conclusion : « Il n’existe pas pour autant de « lettre d’intention » ou de « corbeille de solutions » telles que vous les qualifiez »….

Affirmation pour le moins discutable si l’on écoute et que l’ont tient compte de tout ce qui se dit ouvertement sur les chaînes libanaises et lors des débats sur la place publique. Les uns parlant de documents discutés et convenus en présence de M. Bernard Kouchner, les autres affirmant que le ministre français était présent lorsque le Président Berri et le député Saad Hariri et d’autres responsables présents avaient convenu d’ébauches de solution sur les points d’entente avant l’élection présidentielle et les priorités après l’arrivée au nouveau président à Baabda.

 

Affirmations également de parties libanaises sur des positions françaises sur les modalités constitutionnelles en relation avec l’élection, notamment la nécessité d’émender la Constitution ou non pour  porter le candidat Michel Sleiman à la magistrature suprême.

 

Sur un autre plan, la visite à Damas du 8 au 12 janvier d’une délégation groupant entre six et huit députés du groupe d’amitié France-Syrie se prépare dans un climat d’entente entre les parlementaire représentant les deux principales sensibilités politiques, à savoir le PS et l’UMP. On apprenait hier que l’ambassadeur de France à Damas, M. Michel Duclos, avait conseillé au président du groupe, M. Gérard Bapt (PS) de surseoir à cette visite en raison des « circonstances délicates que l’on connaît » mais que les membres de la délégation, toutes tendances confondues, avaient insisté pour que le voyage se déroule aux dates prévus arguant du fait que les élus pourraient dans cette crise apporter des éléments positifs de réflexion et peut-être des idées pour une sortie de crise. M. Bapt a déclaré hier qu’il avait contacté un des proches collaborateurs de M. Bernard Kouchner qui n’était pas du même avis que l’ambassadeur de France à Damas et qui avait laissé aux députés la liberté de choix pour se rendre à Damas ou non.  M. Bapt devrait contacter aujourd’hui le Président de l’Assemblée du Peuple  à Damas, M. Mahmoud Al Abrash pour mettre avec lui la dernière main aux préparatifs de cette visite.

Publié dans ORIENT LE JOUR

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