VŒUX de Nicolas SARKOZY et déjeuner du Chef de l’Etat français avec M. Saad Hariri, leader du Mouvement du 14 Mars

Publié le par E.Masboungi, journaliste

VŒUX de Nicolas SARKOZY et déjeuner du Chef de l’Etat français avec M. Saad Hariri, leader du Mouvement du 14 Mars

 

Paris, le 8 janvier 2008

Elie MASBOUNGI, journaliste

Pour l’Orient-Le Jour

 

Si le Liban n’a eu droit qu’à deux paragraphes de l’intervention du Président Nicolas Sarkozy hier matin à l’Elysée lors de la conférence de presse et présentation traditionnelle des vœux pour l’année 2008, la crise présidentielle à Beyrouth a été l’unique sujet discuté à midi lors du déjeuner qui a réuni dans un restaurant libanais de Paris (Le Pavillon Noura de l’avenue Marceau) le Chef de l’Etat français et M. Saad Hariri, leader du Mouvement du 14 Mars.

Devant quelque cinq cents journalistes présents, le Président de la République a évoqué le Liban dans le cadre de la « politique de civilisation que la France veut faire avec l’Union de la Méditerranée ».

 

Le Chef de l’Etat a ajouté : « Elle (La France) veut la faire en mettant tout en œuvre pour que le Liban voie son indépendance garantie, pour qu’il redevienne ce pays symbole de la diversité qu’il fut tout au long de son histoire. La diversité ce sera, j’en suis convaincu, l’une des grandes valeurs universelles de la civilisation du XXI e siècle. »

 

Dérogeant au texte écrit de son intervention, Nicolas Sarkozy a ajouté qu’Israël est également un symbole de diversité…

 

 Le deuxième passage concernant le Liban portait également sur la politique de la civilisation voulue par la France qui reste, a-t-il dit, fidèle à ses valeurs et à ses amis mais en parlant à tout le monde.

« Je ne regrette pas d’avoir parlé à la Syrie », a dit notamment le Président français faisant allusion bien entendu sur ses contacts avec Damas au sujet du Liban, « même si cela n’a pas  produit de résultat car la France veut être de bonne foi et, lorsque les Syriens n’ont pas répondu aux appels de la France, j’en ai tiré toutes les conséquences en condamnant l’attitude de la Syrie. »

 

En ce qui concerne le déjeuner de travail Sarkozy-Hariri et au-delà du communiqué officiel diffusé aux médias par les services du leader de la majorité parlementaire libanaise, une personnalité proche du leader libanais a indiqué que les deux hommes ont procédé à une réévaluation de l’initiative française qui a été considérée comme étant complémentaire de l’actuelle initiative arabe que doit entreprendre à partir d’aujourd’hui à Beyrouth le secrétaire général de la Ligue Arabe, M. Amr Moussa, sur la base de la déclaration d’entente unanimement décidée au Caire par les ministres arabes des Affaires étrangères.

 

Le Président Sarkozy et son hôte auraient souligné avec force que cette résolution arabe et ce soutien unanime des pays frères au Liban est une occasion unique de sauver le Liban qu’il ne faut surtout pas manquer et que MM. Sarkozy et Hariri ont souhaité que ce soutien arabe soit renforcé par un soutien européen et de l’ensemble de la communauté international pour que le Liban puisse élire dans les plus brefs délais un nouveau Président de la République.

 

La ligne directrice de la discussion étant un soutien ferme de la France à ‘élection du général Michel Sleiman qui est soutenu par toutes les fractions politiques libanaises.

 

En début de soirée, M. Saad Hariri s’est adressé, dans le halle de l’hôtel Plaza Athénée à un groupe restreint de journalistes libanais livrant ses impressions sur son entretien avec le Chef de l’Etat français.

 

« La France se tient toujours aux côtés du Liban », a commencé par dire M. Hariri qui a ajouté : « Cette rencontre est une confirmation de cette attitude française qui ne laissera pas tomber le Liban et qui ne permettra pas que ce pays sombre dans le vide présidentiel. »

 

« Il est aujourd’hui une initiative arabe soutenue par l’ensemble de la communauté internationale. Nous fondons de grands espoirs sur cette initiative car nous estimons que l’élection du général Michel Sleiman à la Présidence de la République ouvre la voie à un dialogue entre les Libanais. »

 

A une question de « L’Orient Le Jour » sur une éventuelle complémentarité entre l’initiative française et l’actuelle action arabe en faveur du Liban, M. Hariri a estimé qu’il y a en fait une complémentarité puisque la France avait initié un dialogue avec la Syrie en faveur de l’élection d’un nouveau Président de la République et que les Arabes suivent aujourd’hui cette même voie.

 

« Ce qui intéresse la France au plus haut point est le stabilité du Liban, a ajouté M. Hariri qui a estimé que cela sera concrétisé par l’élection d’un Président de la République, ce qui est, a-t-il dit, notre souhait principal. ».

Le chef du « Mouvement du 14 Mars » s’est demandé pourquoi un tel retard est apporté à une telle élection et pourquoi des conditions préalables sont posées non seulement à la majorité mais aussi au futur Président de la République, conditions qu’eux-mêmes, c'est-à-dire Michel Aoun lui-même et ses alliés, n’auraient pas acceptées. « Je doute que le M. Aoun ait pu accepter de telles conditions, alors pourquoi les pose-t-il ? » s’est demandé le député de Beyrouth.

 

En tout état de cause, a poursuivi M. Hariri, nous allons de l’avant dans le sens de l’initiative arabe et le Président Sarkozy a exprimé l’appui de la France  au Liban concrétisant cela par la récente approbation par l’Assemblée Nationale française d’un programme d’aide matérielle au Liban dans le cadre de ce qui avait été convenu lors de la conférence de Paris III, aide qui se traduira par une allocation importante de fonds au trésor libanais dans les prochains jours.

 

Prié par « L’Orient Le Jour » de commenter les propos du Président Sarkozy au cours de sa conférence de presse où il affirmait ne pas regretter d’avoir parlé à la Syrie malgré que cela n’avait pas produit de résultats et d’avoir ensuite interrompu les contacts avec Damas du fait du non engagement du régime syrien pour faciliter l’élection présidentielle libanaise, M. Saad Hariri a dit : « Si le Président Sarkozy a tenu ces propos devant plusieurs centaines de journalistes et plusieurs dizaines de millions de téléspectateurs, c’est qu’il s’agit d’une position publique et que l’ouverture envers la Syrie était un geste dans l’intérêt du Liban qui va dans le sens de l’élection du Président libanais.

« Il est donc clair », a poursuivi le leader du 14 Mars, « que l’interruption des contacts entre Paris et Damas est causée par une volonté syrienne de ne pas favoriser l’élection du Président de la République libanaise, leur candidat étant  le vide…

De toute manière, a encore dit M. Hariri, nous sommes en face d’une initiative arabe approuvée par le ministre syrien Walid Al Moallem et nous verrons bien où cela nous mènera. Nous restons favorable à tout contact et notre objectif est de parvenir à la stabilité au Liban et à l’élection d’un Président de la République qui conduirait le dialogue interlibanais et qu’il y ait un gouvernement qui concrétiserait le principe de la participation. Nous voulons un Présiden  qui soit l’arbitre de cette phase de notre histoire.

En réponse à une question sur le concomittance ou l’ordre de priorité entre l’élection du Chef de l’Etat et la formation d’un nouveau gouvernement, le député de Beyrouth n’a pas souhaité entrer dans de tels détails affirmant que les ministres arabes réunis au Caire savent parfaitement ce qui a été dit et se sont bien compris car l’initiative arabe est, selon lui très positive et que la majorité parlementaire libanaise traitera avec le projet arabe dans un esprit positif et sincère.

 

En réponse à d’autres questions, M. Hariri a estimé que les intentions de la majorité au Liban sont positives et pures et qu’il en est de même des intentions des responsables arabes.
Il a par ailleurs suggéré que l’on ne qualifie plus le prochain gouvernement de gouvernement d’union nationale mais de gouvernement d’entente nationale et que le général Michel Sleiman soit désormais présenté comme le (futur) Président qui réalisera l’entente et non plus comme un candidat d’entente ou de consensus.

Enfin,  M. Saad Hariri a qualifié de lâche l’attentat contre la FINUL perpétré hier ajoutant que les participants et les instigateurs de cet acte sont également des lâches qui veulent saper l’unité du Liban et tenter de détruire et de neutraliser ce formidable soutien arabe et international qui veut rétablir l’ordre, la stabilité et la prospérité au Liban.  

Publié dans ORIENT LE JOUR

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